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Entrepreunariat

De n’happy à voilée : mon parcours féministe

Elles étaient une dizaine, peut-être un peu plus, à venir célébrer l’ouverture de ce nouvel espace. Clientes, devenues amies, elles étaient venues épauler une des leurs et partager avec elle ce moment.

En faisant le tour pour se présenter, elles commencèrent à partager leurs expériences et le soulagement d’avoir pu trouver, en ce lieu, une solution à ce qui ne devrait pas être un problème.

De gauche à droite : Yacine, Angela, Madeleine et Binetou venues assister à l’ouverture du salon de Nord Foire

Nous sommes nées avec et nous devrions pouvoir nous en réjouir plutôt que de chercher à le détruire.

Minielle Mansour

Pourtant, dans une ville aussi cosmopolite que Dakar, il existe encore à ce jour peu d’option : les salons de coiffures spécialisés pour cheveux crépus ne sont pas légion.

En 2010, trois femmes se sont pourtant associées et ont lancé un « concept unique » à l’époque. En ouvrant son troisième espace, le concept – devenu grand – prouvait une fois de plus qu’avec détermination et peu de moyens, il est possible de repousser nos limites.

Je n’étais pas voilée en créant Elle Emoi. Mais en me coupant les cheveux un soir de 2006, en big-chopant (comme on le dit dans le jargon n’happy), je me préparais irrémédiablement à changer de vie. C’était peut-être le début de ma métamorphose !

A l’époque, je travaillais comme consultante et tentais de faire fonctionner mon cabinet de conseils en communication pour le développement durable. Hélas, parce que le conseil en Afrique ne paie pas, il me fallait me tourner vers autre chose.

Jeune femme dans la trentaine, j’ignorais alors tout de la coiffure, ou de la gestion d’une entreprise. Pourtant, grâce à ma première expérience, j’avais maintenant ce u’il faut pour reconnaître une opportunité et la saisir au vol. J’avais en effet saisi l’essentiel : créer une offre de services répondant à un besoin précis. Elle Emoi était née et avec elle beaucoup d’autres initiatives avant-gardistes.

En haut, le premier logo des salons (2010-2015)

Ce n’est que 2 ans plus tard que le hijab deviendra une part de mon identité… et, aujourd’hui encore, quand on m’interroge sur le business du cheveu crépu, on s’étonne qu’une femme voilée fasse la promotion du cheveu naturel, sans le montrer. Un parcours antinomique ? Pas du tout !

J’aime à penser que c’est la féministe en moi qui a su revendiquer et défendre les droits des femmes africaines à garder leurs cheveux afros vierges et à trouver des établissements qualifiés pour le faire. Et qui, désormais revendique son droit à porter sans contraintes ce voile qui incarne une autre partie de moi.

Plus qu’un business, mes espaces sont avant tout un acte militant : une entreprise sociale qui a, mine de rien formée plus d’une trentaine de jeunes femmes à l’entretien du cheveu crépu, bouclée et à la gestion d’un business autour de ce nouveau crédo. C’est surtout une grande fierté d’avoir pu, quand personne ne l’attendait, avoir développé une offre calibrée qui est parvenue à convaincre les salons et coiffeurs traditionnels d’avoir à compter désormais avec le naturel.

De n’happy à voilée, un même parcours, celui d’une femme qui choisit elle-même ses combats et parvient à les faire accepter comme de bonnes habitudes à prendre !

Et vous ? Qu’est-ce que votre voile révèle de vous ?

2 Comments

  • Sonia
    9 mai 2020 at 8 h 29 min

    Bravo ma chère, je te découvre un peu plus sous cet article

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    • admin
      7 juin 2020 at 18 h 02 min

      Merci à toi pour ton amitié de plus de 15 ans, très chère Sonia !

      Reply

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