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Entrepreunariat

Savoir « fermer » pour ne pas « couler « 

Peu de gens en parlent pour éviter de passer pour « des amateurs ». C’est pourtant une erreur fatale à tout business : accepter de gérer une business qui enregistre des PERTES pour faire semblant que TOUT VA BIEN.

Comparaison n’est certes pas raison. Mais pour celles qui ont eu l’opportunité de voyager et de se rendre en Amérique du Nord par exemple, vous avez probablement remarqué la vitesse à laquelle un commerce ouvre ou ferme ?

Dans une ville comme Manhattan- capitale mondiale du shopping – les enseignes peuvent d’une semaine à l’autre soulever ou baisser le rideau définitivement.

Sans états d’âmes, les businessmen / women de cette partie du monde choisissent – selon des indicateurs précis – de fermer une affaire qui rapporte certes de l’argent mais pas assez vite ou pas comme prévu !!! Et pour éviter de payer un loyer et des salaires trop longtemps, ils déclarent faillite et passent à autre chose.

Minielle Mansour

En Afrique, plus particulièrement au Sénégal, il n’est pas rare de constater le contraire, surtout chez les femmes. Des boutiques, des salons, et d’autres commerces moribonds, peuvent rempiler d’année en année par « sentimentalisme ».

Pour un gestionnaire aguerri, quand un commerce ne fait pas assez de chiffres, le réflexe est simple : il dégraisse. Il allège ses charges pour ne garder que l’essentiel. Et quand, malgré cela les dégâts se font encore sentir, la décision doit être R.A.D.I.C.A.L.E : choisir de ne plus perdre d’argent, en mettant – par exemple – la clé sous la porte.

Au Sénégal, selon mon expérience, un business met en moyenne deux ans avant de « décoller » et peut-être un peu plus avant d’être vraiment rentable.

Avant cela, il est probable que votre affaire enregistre des pertes et pas des moindres.

Parce que le consommateur sénégalais est méfiant, il y a de fortes chances que vous soyez obligé de vous serrer la ceinture et de vous priver de salaire pendant cette période. Et, franchement cela peut sembler long, surtout si vous devez – pour vivre – travailler en parallèle et renflouer le business avec vos propres deniers.

Minielle Mansour

Si au bout de deux ans (ou plus) vous ne parvenez pas à couvrir vos charges fixes et variables, ainsi qu’ à mettre de l’argent de côté et à vous verser un salaire, ne serait-ce que symbolique, c’est alors le signal que votre commerce va mal et qu’il faudrait soit le fermer ou chercher à alléger vos charges au plus vite.

A y regarder de plus près, je pense que nos hommes (africains) sont beaucoup pragmatiques et donc plus prompts à accepter de renoncer à un projet pour éviter de perdre trop de temps et d’argent.

Chez les femmes, l’acceptation est plus longue. Peut-être parce qu’elles s’identifient davantage à leurs business et y associent leur nom, leur image, leur réputation …? Si bien qu’une faillite devient hors de propos. Pour sauver les apparences, la femme « entrepreneure » choisit bien souvent de faire semblant et peut continuer à donner l’illusion que les choses marchent.

Elles prennent plus de temps à se préparer à fermer leurs commerces. D’abord, en évitant d’y aller aussi souvent qu’au début, à s’y intéresser de moins en moins, à éviter même d’y penser, livrant le personnel à lui-même : incapable de tenir la barre en l’absence du Capitaine. Les employés les plus « dégourdis » commenceront à mentir aux clients de moins en moins nombreux : « nous recevrons un container bientôt », devant une boutique visiblement mal achalandée. « La patronne a voyagé et revient avec des nouveautés  » en rajouteront d’autres, cachant mal la gêne occasionnée.

Mes toutes belles, quand une plante ne se plaît pas dans un environnement, elle ne pousse plus, et meurt peu à peu. Mais si vous la changez de place, lui trouvez le bon emplacement, la bonne lumière naturelle et un terreau de qualité, elle vous étonnera par ses capacités.

Minielle MANSOUR

Votre business devrait être géré de la même manière et surtout ne pas vous faire perdre vos précieux deniers pendant trop longtemps.

Si vous êtes dans une situation similaire, et ce particulièrement dans cette période de COVID-19, je vous invite à vous poser les bonnes questions et à chercher à supprimer les dépenses superflues.

Personnellement, il m’a fallu faire un choix stratégique (même bien avant le COVID-19) pour le dernier né de ma structure : Abyssynya ! Au bout de 8 mois, avec une concurrence qui s’est intensifiée dans sa zone d’implantation, mais aussi à cause de pratiques déloyales de concurrentes ou de marques hébergées et SURTOUT en raison d’un local absolument pas aux normes, j’ai dû opter pour un repositionnement et « changer ma plante de place ». Elle est désormais nichée au sein de mes salons pour servir ma clientèle naturelle et régulière.

On en apprend tous les jours quand on se lance en affaires ! Et les plus habiles sont alors celles et ceux qui parviennent à s’adapter malgré out. C’est aussi ça l’aventure entrepreneuriale.

Et vous, quand avez-vous su qu’il vous fallait fermer ou dégraisser ?

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