Nous sommes nombreux à être rentrés confiants. Diplômes en poche, nous pensions la chose facile : une offre d’emploi, un dossier envoyé et une interview (au moins) d’accordée. Mais voilà qu’après 100 demandes d’emploi, correspondant toutes à nos compétences, nous sommes toujours là, à attendre. Rentrer pour chômer ?! Ce n’est pas vraiment la vie rêvée. Et pourtant dans notre entourage, ils/elles sont nombreux à attendre … 6 mois… 1 an… 3 ans, un vrai boulot. Pourquoi? ! Les raisons à mon avis sont les suivantes :
– Dans les faits : il y a de moins en moins de postes pour de plus en plus de demandeurs. C’est bien connu, l’africain ne démissionne JAMAIS. Il s’accroche à son poste et y reste jusqu’à la retraite ou la MORT. Du coup, sur 1000 postes créés, seulement une centaine se libéreront par an. Sauf que 100 postes pour 10 000 demandeurs, ça fait trop peu ;
– La préférence étrangère : de plus en plus d’entreprises étrangères recrutent désormais chez elles, à l’étranger. Avec la crise, les multinationales recrutent en priorité dans leurs pays d’origine pour résorber le chômage des jeunes (!) Ces postes juniors sont alors envoyés en Afrique sans les avantages de l’expatriation classique mais avec un salaire forcément plus conséquent que s’ils étaient restés en « métropole ». Du coup, ces “expats sac à dos” pullulent sous nos cieux et chopent au passage les postes généralement « seniors » jusqu’ici ouverts aux nationaux. Du coup, dans nos rangs on compte plus de chômeurs qualifiés pour de moins en moins de postes ouverts ;
– La donne mystique : cette réalité bien africaine est à prendre en compte. Les recrutements « naturels » sont très rares dans nos pays puisque chaque candidat (et son entourage) entreprend de faire marcher son « réseau ». Dans des pays où le clientélisme et le maraboutage font rage, rien ne se fait au hasard : tout le monde (ou presque) cherche son petit « coup 2 pouce. Du coup, quand il vous reste encore quelques principes et surtout une bonne dose de tawwakul ( confiance en ALLAH), vous pouvez juste vous asseoir sur vos plans de carrière à court terme. Epissetoou !
Je sais, je sais, ce n’est pas très rassurant tout ça ! Mais, à chaque problème sa solution, Dieu merci. Et à force de “galérer” certains candidats au retour ont trouvé leurs solutions :
– créer sa propre affaire : qui se révèle plus facile à faire ici, en Afrique, qu’ailleurs. Vous êtes en effet chez vous et connaissez le marché mieux que personne. Il existe de multiples opportunités avec internet et les réseaux sociaux pour booster vos affaires et faire la différence, quelque soit votre domaine d’activités. Vous avez donc de bonnes chances de trouver un créneau lucratif avec peu de charges afférentes. ATTENTION ! Ce ne sera pas le jackpot du jour au lendemain mais si vos gains seront minimes au début de votre activité, ils devraient se bonifier avec le temps et l’expérience;
– s’installer dans la sous-région : malgré ce qu’en dit l’expression, l’herbe est souvent plus verte chez le voisin. Alors faites comme tout le monde et tentez l’aventure hors de chez vous ! Vous y aurez plus de chances de déjouer les « plans maraboutiques », et surtout moins d’occasions d’être déstabiliser par l’entourage familial. Plusieurs pays de la sous-région sont des destinations prisées par les candidats au retour. On y recherche des compétences valables et « locales ». Pour un démarrage de carrière, c’est un bon plan assuré, qui vous permettra, in sha Allah; de revenir chez vous en « mode promue », avec tous les avantages associés. Vous auriez tort de ne pas en profiter !
– choisir la bonne filière : si vous êtes ingénieurs, financiers, … développeurs? Vous avez toutes vos chances. Les opportunités sont nombreuses autant auprès des grandes boîtes que des start-ups. Ces expertises ont moins de soucis à trouver un boulot. Pour les Marketeurs, communicants et autres démembrements aux clichés faciles, ce ne sera pas aussi facile. La plupart des établissements supérieurs de la sous-région ont également leurs cohortes de diplômés et, vos études à l’étranger seront mêmes ici un obstacle de taille puisque votre expérience concerne plutôt une réalité importée. C’est à force de créativité et surtout de tenacité que vous parviendrez à vous faire une place. Il faut ici alors bien s’accrocher !
Il est clair qu’aucune de ces options, hélas, ne vous donnera la sécurité de l’emploi. Mais, à bien y penser, ce concept de “sécurité” n’appartient plus vraiment au registre de l’employabilité (ni à aucun autre d’ailleurs).
Minielle mansour
Du coup, mieux vaut peut-être en faire le deuil de cette toute faite que l’on doit rentrer pour » gagner beaucoup d’argent, tout de suite » et plutôt songer à rentrer pour se rapprocher des siens et profiter de ses proches pendant qu’on le peut encore !
NO PLACE LIKE HOME!
Et vous, quelle est votre motivation au retour ?
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