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Entrepreunariat

Mieux entreprendre – Faire la différence entre « Idée »​ et « Opportunité »​

Nous avons tous un jour, eu une idée géniale ! Une idée révolutionnaire, une idée à faire pâlir de jalousie et dont nous étions si certaines que nous n’avons pas eu envie de la partager, de peur de se la faire voler. Dans un petit coin de notre tête, elle était là, attendant patiemment qu’on finisse de la murir, la peaufinant, l’arrangeant, la ré-arrangeant… jusqu’au jour où l’on apprit que QUELQU’UN d’autre avait mis « notre idée » à exécution.

Et oui, une autre personne, dans un autre contexte, a su, elle – au delà de l’idée – trouver des opportunités de mise en oeuvre et s’est lancée. Je vous laisse imaginer alors la déception du porteur d’idées (et non de projets lol), son beau projet qui se matérialise sous ses yeuex, avant même qu’il est pu en parler. Et, dans bien des cas, cet imprévu le poussera soit à se lancer, de manière précipitée, et à expliquer à tout le monde qu’il/elle ne copie pas, car ayant eu l’idée avant… Ou, dans plus de la moitié des cas, à renoncer tout simplement.

Les plus « aigris » se diront trahis, doublés, dépouillés et crieront au « VOL ». Mais s’agit-il seulement de cela ? Car, disons le ici et clairement : des idées, tout le monde en a ! Et en une seule et même journée il y a fort à parier que nous soyons des milliers d’individus à avoir les mêmes impressions (idées) par rapport à une situation donnée, que nous prévoyons, sensiblement, de traiter de la même manière.

La nature a horreur du vide. C’est bien connu ! Et bien justement, quand un vide, une insuffisance est décelée, nous sommes nombreux à trouver des « pistes et solutions » pour y remédier. Mais PEU partiront de l’IDEE pour aboutir au PROJET et ensuite à l’ENTREPRISE.

En minimisant la praticabilité de leur vision, beaucoup ont tendance à idéaliser leur futur projet, et sans le savoir, à le rendre irréalisable.

Minielle mansour

J’ai rencontré, dans un atelier, une entrepreneure qui avait l’idée de créer une crèche… depuis 6 ans. Salariée, cette dame nous avait communiqué sa passion et son rêve d’ouvrir « la crèche idéale », pour partager son amour pour les enfants et son désir de monter un projet, à nul autre pareil. Son idée précise de ce que SA crèche serait la transportait tellement de joie, qu’elle lui faisait aussi oublier la centaine de crèches bien réelles que compte la seule ville de Dakar.

En passant six longues années à mûrir son idée, elle avait surtout accorder à ses concurrents en SIX longueurs d’avance à celles et ceux qui avaient trouvé les moyens de matérialiser leurs projets, bien avant elle et qui, au contact du marché, avaient su adapter leur projet d’entreprise.

En tant qu’entrepreneure du cheveu afro, j’affirme souvent fièrement que j’ai été la PREMIERE…

Pas à y avoir pensé, je reste réaliste (quand même *_*) mais à l’avoir mis en oeuvre. Ce qui, mis en contexte, fait toute la différence.

Je me suis jetée à l’eau, quand personne n’y croyait vraiment et que les grands salons de coiffures nous disaient encore que c’était impossible. Dans un petit salon, sans trop d’investissements et avec un personnel qu’il a fallu « former », je me suis lancée, oui, pour expérimenter mon idée et voir, au contact du marché, comment il me fallait la retravailler.

Il a suffi de s’armer de courage, de se dire qu’après tout je n’avais rien à perdre, pour ouvrir le tout premier salon pour cheveu afro naturel. Du coup, même si dans quelques années, nous ne sommes plus là pour le raconter, l’industrie (et surtout les clientes qui ont rendu cette aventure possible) sauront témoigner de notre contribution à la création de cet univers N’HAPPY, au Sénégal.

En me jetant la première à l’eau, j’ai, surtout pu acquérir une connaissance du marché bien plus fine.

Celui qui saisit une opportunité prend forcément un risque… mais c’est le prix à payer pour se mériter une place de choix : celui de l’opérateur historique… ou du pionnier.

Minielle MANSOUR

Oui, il y a du mérite à avoir une bonne et belle idée. Mais il y en a encore davantage à la concrétiser et à la faire vivre. Mais que veut dire justement de « savoir saisir une opportunité »?

Pour passer de l’idée au projet, il faut – selon mon expérience – savoir :

  • faire fî des critiques et des avis négatifs : qui sont un des facteurs principaux de démotivation;
  • créer son business modèle : qui va, par la suite, bien entendu évoluer;
  • trouver des capitaux : en acceptant de partager son idée avec les bonnes personnes et en trouvant les arguments pour convaincre;
  • se donner les moyens de réussir : en trouvant les moyens, les ressources nécessaires au développement de son activité sur la base d’un risque calculé (provisions suffisantes pour parer aux imprévus, recherche de talents pour porter l’activité et de partenaires pour faire face aux perturbations du marché).

Bref, rien que nous ne sachiez déjà, n’est-ce pas ! Mais en fait, ce que j’ai eu à remarquer c’est que certains porteurs de projets sont tellement amoureux de leur idée, qu’ils ont tendance à minimiser l’étape de la réalisation, qui, selon eux, sera (plus) facile que d’avoir eu l’idée, elle-même. Or, à trop idéaliser leur projet, ils ne se préparent pas assez à la possibilité qu’il ne soit tout simplement plus d’actualité ou bien trop en avance par rapport au marché…et, dans ces deux cas de figure, qu’il faille alors le réviser.

Pour en revenir à mon secteur d’activités, Elle Émoi reste, 10 ans après sa création, une référence. Pourtant, de nouvelles offres (peut-être plus abouties) ont vu le jour. Malgré une concurrence qui s’intensifie et que j’aurai tort de minimiser, l’entreprise parvient à préserver sa notoriété.

Si je suis persuadée qu’il ne sert à rien de « garder » son projet pour soi trop longtemps, je suis consciente que les entrepreneurs au Sénégal ont la fâcheuse manie de « copier/coller » les concepts des autres. Cela m’est arrivé plus souvent qu’on ne le pense. Et, pour faire la différence entre une coïncidence (entre deux idées) et une imitation pure et simple, il fut justement s’être lancée !

Dans le premier cas de figure, vous avez eu la même idée, mais l’un s’est lancé et l’autre pas. Dans le second, hélas, le business existe, commence à fonctionner, et le « challenger » vient tout bonnement récupérer ce que vous faites, sans réelle valeur ajoutée, pour aller faire pareil juste en face, littéralement.

Même si je pense surtout que c’est un manque flagrant d’ambition et une sorte d’aveu de faiblesse (ces gens là manquent cruellement de talents et ne savent tout simplement pas innover), je vous invite à le voir comme une validation de votre expertise et de votre sens des affaires. Vous êtes probablement un trend-setter, et du coup, la concurrence se rue sur vos « nouveautés » pour créer les siennes.

Que cela ne vous décourage pas. Arrivera un moment où hélas les masques tomberont et vous serez bien loin de la cacophonie que cela créera… en gardant toujours votre longueur d’avance.

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